Si les valeurs technologiques ont surperformé pendant la pandémie de Covid-19, elles ont en revanche perdu du terrain cette année. Pourtant, malgré le ralentissement de l'économie, la technologie reste un secteur attrayant pour les investisseurs.
Dans un contexte de baisse des actions internationales, le secteur technologique a sous-performé l'année dernière. La surperformance substantielle enregistrée entre 2016 et 2021 s’est traduite par des valorisations élevées qui, dans de nombreux cas, ne pouvaient se maintenir dans un environnement de hausse des taux d'intérêt.
Les estimations de bénéfices ont également commencé à baisser sous l'effet de la dynamique complexe du ralentissement de la croissance économique, de la demande inégale, de la gestion des stocks et de l'amélioration progressive des chaînes d'approvisionnement. Une bonne nouvelle : les anticipations ont été revues à la baisse et les performances des actions au troisième trimestre ont été meilleures que celles du premier semestre, ce malgré ces révisions et la hausse des taux d'intérêt.
Nous restons globalement optimistes à un horizon moyen et long terme concernant le secteur des technologies du fait de l'innovation, des avantages liés à la déflation et de la tendance de fond à la digitalisation de toutes les entreprises.
Nous partageons ici nos réflexions sur l'avenir du secteur.
Les entreprises technologiques devraient conserver leur prime
Les dépenses technologiques des entreprises sont élevées et devraient le rester. Les transactions importantes prennent un peu plus de temps à être conclues, car les dirigeants et les directeurs financiers s'intéressent de plus en plus aux coûts et au calendrier des retours sur les dépenses liées aux mises à jour. La volatilité des taux de change, notamment la vigueur du dollar, pèse de manière disproportionnée sur la croissance du secteur, tandis que les dépenses de consommation de produits électroniques ralentissent.
Dans le contexte d'affaiblissement des économies et de hausse des taux d'intérêt, la technologie a absorbé une grande partie de la hausse des valorisations induite par le Covid. Il existe un risque à court terme pour ces valorisations, mais nous estimons que le secteur des technologies peut conserver sa prime, car il était engagé dans un processus de réévaluation positif avant la pandémie. Ce processus reflétait l'augmentation de la génération de trésorerie, du déploiement de capitaux et de la croissance qui se déroule depuis de nombreuses années.
En outre, les marges opérationnelles et les marges de trésorerie disponible des entreprises technologiques augmentent depuis quelque temps plus rapidement que celles du marché, ce qui a permis au secteur de gagner en importance (en termes de poids) dans le S&P 500. Les investisseurs en bénéficient, car les entreprises ont considérablement augmenté leurs distributions de capital en versant des dividendes et en effectuant des rachats d’actions (graphique 1).
Le ratio de distribution des dividendes, inférieur à 10 % au début des années 2000, dépasse désormais largement les 20 %, ce qui réduit considérablement l'écart avec le marché en général. En conséquence, le rendement du dividende du secteur de la technologie a également augmenté, même en intégrant l'importante appréciation des cours. Cela dit, la hausse des rachats d’actions et des dividendes signifie que le secteur de la technologie distribue désormais la quasi-totalité de sa trésorerie aux actionnaires, une nette augmentation par rapport à il y a 20 ans.
Graphique 1 : Le secteur de la technologie représente environ un tiers du total des rachats d’actions du S&P 500
Dans les coulisses : notre point de vue sur les sous-secteurs de la technologie
Le secteur technologique comprend un univers vaste et diversifié de différentes entreprises travaillant dans de nombreux domaines de l'économie mondiale. Pour éclairer notre réflexion d'investissement, analysons les perspectives des principaux sous-secteurs.
Semi-conducteurs
Les plus importantes révisions à la baisse des bénéfices sont celles des semi-conducteurs. Les entreprises exposées à la consommation sont confrontées à une augmentation des stocks, la demande s'étant orientée vers les produits non technologiques (alimentation, énergie et voyages). Parmi le nombre croissant d'entreprises technologiques qui ont réduit leurs bénéfices au troisième trimestre, quelques-unes sont des sociétés de semi-conducteurs qui ont abaissé leurs prévisions de plus de 10 %, notamment Intel, Micron et Nvidia.
Les semi-conducteurs représentent plus de 20 % du secteur technologique et nous estimons que c'est l'un des meilleurs segments du marché à long terme (graphique 2). Malgré l'ajustement à court terme dû au ralentissement de la demande des consommateurs et au rééquilibrage des stocks, nous anticipons de nouvelles opportunités liées à ces grands thèmes du marché. D'un point de vue stratégique (à un horizon de 3 à 5 ans), la relocalisation de la production sera un atout majeur pour les fabricants d'équipements pour semi-conducteurs.
Graphique 2 : À long terme, les semi-conducteurs nous paraissent représenter l'un des meilleurs segments du marché
Logiciels
Avec un poids d'environ 30 %, les logiciels constituent le secteur le plus important de la technologie. Au fil des ans, le caractère récurrent et régulier des flux de trésorerie a entraîné une hausse des chiffres d'affaires, des marges et des bénéfices tout en accroissant le caractère prévisible des activités. L'intensité capitalistique des sociétés a tendance à être faible, ce qui génère des marges élevées sur la trésorerie disponible.
Toutefois, la récente évolution des actions a été difficile, avec une baisse significative des valorisations des sociétés de logiciels. Malheureusement, malgré l'excellente génération de trésorerie disponible pour le sous-secteur, les valorisations sont bridées par les taux d'intérêt. Les entreprises dont la croissance était la plus forte et les valorisations les plus élevées ont subi les corrections les plus importantes.
Fintech et services informatiques
Avec un poids avoisinant 16 % de l'ensemble du secteur, ce groupe d'actions regroupe des entreprises à croissance régulière et des entreprises de rupture qui cherchent à tirer parti du passage aux transactions scripturales. Le segment se négociait auparavant avec une valorisation relative beaucoup plus élevée en raison de la régularité de la croissance, mais à l'issue d'une vague de regroupements, de nombreuses sociétés ont perdu de leur valeur, car la trésorerie disponible n'a pas été à la hauteur des attentes en 2021.
En outre, les sociétés disruptives ont déçu, car la réouverture post-pandémie a ralenti la pénétration des activités liées au commerce en ligne. Le segment se négociait avec une prime de 40 % par rapport au marché à son point haut mi-2021, mais a aujourd'hui baissé pour revenir à une prime d'environ 20 %, ce qui correspond à la moyenne à long terme.
Matériel informatique et de communication
Ce segment est le deuxième groupe du secteur technologique et représente 24 % de l'Indice S&P 500 Tech. Ce segment est dominé par Apple, qui représente environ 85 % du matériel et des équipements du S&P500. Les valorisations du segment du matériel informatique semblent élevées et des révisions à la baisse sont probables pour la plupart des entreprises axées sur les consommateurs, raison pour laquelle nous sommes moins optimistes quant aux perspectives de ce groupe.
Les jeunes entreprises non rentables
Les technologies coûteuses et non rentables ont enregistré la plus mauvaise performance (graphique 3). Alors que l'évolution d'une grande partie du secteur technologique a ressemblé à des montagnes russes, avec des hauts et des bas, celle des jeunes entreprises non rentables s'apparente plutôt à un ascenseur - généralement unidirectionnelle marquée des hausses et des baisses rapides. Au plus fort de leur performance, début 2021, elles généraient un rendement près de 4,5 fois supérieur à celui du marché depuis la période précédant le début de la pandémie.
Depuis le début de 2020, les jeunes entreprises non rentables ont sous-performé le S&P 500 tout en générant de maigres rendements absolus à peine positifs. Bien que les valorisations aient enregistré des corrections, nous estimons que le marché restera très attentif à la rentabilité. Lorsque les conditions financières atteindront un point haut, ce groupe pourrait être prêt à augmenter.
Graphique 3 : Les entreprises technologiques non rentables ont accusé une baisse significative
Conclusion : les technologiques restent attrayantes
Les valorisations du secteur technologique ont nettement baissé par rapport à leurs niveaux historiquement élevés, la hausse des taux d'intérêt ayant comprimé les multiples dans l’ensemble des secteurs. Le ralentissement de l'économie mondiale affecte les secteurs les plus cycliques de la technologie, ce qui complique les perspectives à court terme. Mais nous restons convaincus que la technologie reste un secteur attrayant pour l'investissement à moyen et long terme. Les estimations de bénéfices diminuent, mais rappelons aux investisseurs qu'ils doivent passer outre les révisions à court terme et se concentrer sur l'excellent profil de croissance du secteur.
L'investissement thématique accentue les parties moins cycliques du marché. Nous considérons que la cybersécurité reste un excellent domaine de la technologie présentant une croissance moins cyclique. Les investissements dans les data centers et la croissance de la digitalisation pourraient ralentir légèrement, mais les tendances ne se démentent pas. Parallèlement, les événements en Ukraine soulignent l’importance de l'indépendance dans la fabrication de produits clés à l'intérieur des frontières nationales, ce qui fait de la « relocalisation » un autre thème clé pour les investisseurs dans le secteur de la technologie.
Veuillez contacter votre interlocuteur chez J.P. Morgan si vous souhaitez étudier les opportunités d'investissement dans le secteur technologique ou gérer vos expositions existantes.
DÉFINITIONS DES INDICES
Indice S&P 500 - est largement considéré comme le meilleur indicateur unique des actions américaines de grande capitalisation et sert de base à un large éventail de produits d'investissement. Cet Indice comprend 500 sociétés de premier plan et couvre environ 80 % de la capitalisation boursière disponible.
Indice GSXUNPTC - Goldman Sachs Non Profitable Tech - Le panier de l'Indice GS Non-Profitable Tech est composé de sociétés américaines non rentables cotées dans des secteurs innovants. La technologie, définie de manière assez large, inclut les sociétés de la nouvelle économie dans tous les groupes de secteurs du GICS. Le panier est optimisé en fonction de la liquidité à chaque rééquilibrage, de sorte qu'aucune valeur ne dépasse 10 % du volume quotidien moyen des opérations pour 300 millions de dollars.
INFORMATIONS IMPORTANTES
Toutes les entreprises mentionnées le sont à titre purement indicatif et ne constituent pas une recommandation ou une approbation de la part de J.P. Morgan dans ce contexte.
Les informations présentées n'ont pas pour but de porter des jugements de valeur sur l'issue privilégiée d'une décision gouvernementale.
Les indices ne sont pas des produits d'investissement et ne peuvent être considérés comme des investissements.