Les faillites bancaires ont ébranlé les investisseurs, mais ne laissez pas un mauvais mois (voire une mauvaise année) compromettre vos plans financiers à long terme.
Depuis début mars, les turbulences sur les marchés ont ébranlé les investisseurs de deux manières. Tout d'abord, le débat sur l'inflation a été marqué par l'incertitude : l'économie était-elle encore en surchauffe ou proche de la récession ? Déjà perturbés, les marchés actions ont ensuite été secoués par deux faillites bancaires rapides. Les investisseurs se sont alors demandé si le pire n'était pas à venir. L'économie était-elle au bord d'une nouvelle crise financière ?
L'intervention des régulateurs et de la Réserve fédérale a quelque peu apaisé les marchés, à l'heure où nous écrivons ces lignes, 72 heures plus tard. Toutefois, ces faillites bancaires les plus importantes depuis 2008 inquiètent de nombreux investisseurs. La crise financière mondiale est peut-être derrière nous depuis 15 ans, mais nombreux sont ceux qui restent marqués par la contagion, la destruction de richesse et les pertes d'emplois qui l'ont caractérisée.
Nous anticipons de mauvais mois, voire de mauvaises années. Au cours de l'une de ses années les plus volatiles, le marché a plongé de plus de 40 %. Une autre année, les actions ont bondi de 60 %. Pourtant, un portefeuille composé d'actions et d'obligations n'a jamais enregistré de rendements négatifs sur une période glissante de cinq ans.1 En outre, au cours d'une année moyenne, le marché actions enregistre une baisse de près de 15 % du plus haut au plus bas. Actuellement, la baisse par rapport au point haut depuis le début de l'année est de 8 %. Bien que les baisses ne soient jamais confortables, ce que nous observons sur les marchés est, à première vue, normal.
Il faut donc garder à l'esprit cette perspective à long terme lorsque nous passons en revue les dynamiques actuelles et leurs éventuelles implications pour vous.
Voici nos trois principales réflexions.
Point n°1: La Silicon Valley Bank et la Signature Bank étaient différentes
Les crises de la Silicon Valley Bank (SVB) puis de la Signature Bank ont fait naître chez les investisseurs la crainte d'une contagion, à savoir que de nombreuses autres banques régionales pourraient connaître le même sort.
Mais la SVB et la Signature Bank étaient différentes. Elles présentaient des concentrations anormalement élevées de dépôts importants, bien au-delà des 250 000 dollars assurés par la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC). Et dans le cas de la SVB, la quasi-totalité des déposants était des fonds de capital-risque et les entreprises qu'ils soutenaient.
Comme l'expliquait Michael Cembalest, président de la stratégie de marché et d'investissement, dans son Eye on the Market et à nouveau la semaine dernière, moins de 10 % des dépôts de la SVB provenaient de particuliers, qui sont considérés comme plus « stables », c'est-à-dire beaucoup moins susceptibles de transférer leur argent que les entreprises ou les déposants institutionnels.
La SVB possédait également un important portefeuille d'investissements en valeurs mobilières qui se sont dépréciées l'année dernière lorsque la Réserve fédérale a relevé ses taux et que la valeur des obligations à long terme de la banque a baissé.
La part des dépôts non assurés à la Silicon Valley Bank et à la Signature Bank était plus élevée
La Réserve fédérale, la FDIC et le Trésor ont pris des mesures pour indemniser tous les déposants et apporter des liquidités au système bancaire. Ces facilités de prêt devraient permettre d'éviter certains scénarios catastrophe.
Désormais, les banques adopteront probablement des politiques de prêt plus prudentes. Elles pourraient ainsi réduire le montant des prêts qu'elles accordent aux petites et moyennes entreprises, ce qui pourrait freiner la croissance économique. Parallèlement, les politiques de prêt prudentes peuvent avoir un effet similaire à une hausse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale, et « durcir » la politique monétaire. Cela pourrait persuader la Réserve fédérale d'opter pour une trajectoire moins offensive en matière de taux d'intérêt.
Point n° 2 : Le secteur de la technologie est entré en récession. Il est temps de rechercher des opportunités.
L'autre facteur distinctif de la SVB est que les dépôts étaient fortement concentrés dans les secteurs de la technologie et des soins de santé/sciences de la vie. La Signature Bank, pour sa part, s'est concentrée sur le secteur des cryptomonnaies. Dans le cas de la SVB, plus d'un tiers de son portefeuille de dépôts provenait d'entreprises technologiques et de santé à un stade précoce de leur développement.
Ces entreprises sont (jusqu’ici) souvent non rentables, spéculatives et digitales. Elles ont connu un essor fulgurant pendant les périodes de confinement, lorsque la vie se déroulait en ligne et que les taux d'intérêt étaient extrêmement bas. Mais aujourd'hui, dans des conditions inverses (réouverture de la société civile, hausse des taux d'intérêt la plus rapide depuis deux décennies), les investisseurs sont beaucoup moins enthousiastes, les marchés financiers leur sont généralement fermés et les levées de fonds sont devenues difficiles. Leur viabilité même était en jeu, car elles épuisaient leurs liquidités sans avoir d’apport d'argent frais.
Comme nous l'avons indiqué, nous ne voyons pas ce scénario s'appliquer à d'autres banques régionales. Cela nous amène à un deuxième point essentiel : la SVB est à bien des égards le dernier (et le plus important) exemple en date de la récession du secteur technologique qui s'est installée au cours des six derniers mois.
Selon le site layoffs.fyi, 481 entreprises technologiques ont annoncé des réductions d'effectifs cette année. Toutefois, quelques signes timides indiquent que la vague de licenciements dans le secteur de la technologie pourrait avoir atteint son apogée. Comme le montre le graphique, le nombre de salariés licenciés dans le secteur de la technologie semble avoir atteint son point haut en janvier.
La vague de licenciements dans le secteur de la technologie pourrait avoir atteint son apogée
Le secteur technologique en général a connu une période difficile, mais il est peut-être temps pour les investisseurs de commencer à faire le tri. Nous anticipons des opportunités dans les entreprises dont les structures de coûts sont allégées et avec des modèles économiques durables, et qui peuvent être valorisées avec une décote.
Point n° 3 : Le dernier rapport sur l'emploi est équilibré
Paradoxalement, la faillite de la SVB s'est produite le jour même où les investisseurs ont reçu un rapport sur l'emploi équilibré pour le mois de février. Aux États-Unis, 311 000 emplois ont été créés en février, tandis que la hausse mensuelle des salaires a ralenti à 0,2 %. Au cours des trois derniers mois, l'économie a créé en moyenne 350 000 emplois par mois dans un contexte de croissance modérée de 3,5 % des salaires, ce qui correspond au rythme de 2019.
Les hausses de taux ont provoqué quelques dommages dans les secteurs de l'immobilier, de la finance et de la technologie, mais la majorité des petites entreprises continuent de fonctionner sans créer une croissance excessive des salaires.
La croissance des salaires marque le pas après avoir atteint des points hauts
Que nous réserve l'avenir ? Les turbulences dans le secteur bancaire vont probablement freiner l'octroi de nouveaux prêts, et donc la croissance économique et l'inflation. La Réserve fédérale pourrait ne pas avoir à relever ses taux autant que nous pensions il y a quelques semaines à peine. La mauvaise nouvelle : les risques de récession s'en trouveront probablement accrus.
Prenez du recul
Lorsque les marchés sont volatils, nous estimons qu'il est important de ne pas perdre de vue les points suivants.
- Respectez votre plan. L'une des étapes les plus importantes de l'investissement est l'élaboration d'un plan et d'un portefeuille correspondant. Comprendre l'objectif d'un portefeuille d'investissement et les outils utilisés pour obtenir des résultats peut vous aider à prendre de meilleures décisions en période d'incertitude.
- La volatilité du marché a tendance à être concentrée. Nos recherches montrent que sept des dix meilleurs jours du marché actions au cours des vingt dernières années se sont produits dans les quinze jours qui ont suivi les dix pires journées. Si vous aviez manqué seulement ces 10 meilleurs jours, votre rendement total aurait été réduit de 4 % par an, comparativement à un investissement continu.
- Concentrez-vous sur le long terme. Les marchés peuvent connaître des jours, des semaines et des années difficiles. Mais sur une période plus longue, nous pouvons être beaucoup plus sûrs de l'éventail des résultats possibles. Un portefeuille composé à 50/50 d'actions et d'obligations n'a jamais enregistré de rendement total négatif sur un horizon de cinq ans. Les actions ont toujours enregistré une performance positive sur un horizon de 20 ans.
Les rendements à long terme ont été moins volatils
Bien que les tensions puissent s’intensifier à l'avenir, les banques centrales disposent des outils nécessaires pour atténuer une grande partie des risques et donner des indications plus claires concernant l'avenir. Un retour à cet état d'esprit à long terme peut en faire autant pour vous.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter votre interlocuteur chez J.P. Morgan.